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Les dangers d’Internet pour les enfants largement relativisés

Une enquête sociologique à très grande échelle (résultats complets en anglais et principales conclusions en français), menée dans 25 pays auprès de 25 140 internautes européens âgés de neuf à seize ans, tend à montrer que la plupart des dangers associés à Internet pour les plus jeunes sont généralement surestimés. Financée par la Commission européenne, pilotée par la London School of Economics, avec le CNRS pour l’enquête française, cette étude montre également que les parents ont souvent une appréciation erronée de ce que leurs enfants considèrent comme une expérience traumatisante ou désagréable.

Premier constat : Internet fait partie du quotidien des jeunes Européens, qui sont 93 % à s’y connecter au moins une fois par semaine. Et ils surfent de plus en plus tôt : l’âge moyen pour la première connexion varie d’un pays à l’autre, de sept ans en Suède à 8-9 ans en France. Surtout, cet âge tend à diminuer dans tous les pays.

Les 9-16 ans sont également adeptes des réseaux sociaux. 26 % des 9-10 ans sont inscrits sur un réseau social, et le chiffre passe à 81 % pour les 15-16 ans. Dans la plupart des cas, ces outils sont utilisés pour communiquer avec des personnes qu’ils connaissent déjà, même si 25 % des jeunes Européens discutent aussi avec des inconnus, principalement lors de jeux en ligne.

CONTENUS CHOQUANTS

L’enquête révèle que 21 % des 11-16 ans disent avoir été confrontés à des « contenus malsains » en ligne, une catégorie large qui englobe aussi bien des messages de haine que des contenus traitant du suicide, de la drogue ou de l’anorexie. Ce chiffre est particulièrement faible en France, où il n’atteint que 14 %. « Ce que l’on constate, c’est que dans les pays scandinaves, où l’usage d’Internet s’est développé depuis plus longtemps, ce taux est plus important, note Dominique Pasquier, responsable de la partie française de l’étude au CNRS. Ce sont aussi des pays où les modèles de régulation, la surveillance exercée par les parents sont plus ‘laxistes’ qu’en France ou en Allemagne, où le taux est comparable. » L’étude montre également que ce chiffre est particulièrement élevé dans les pays d’Europe de l’Est, comme la République tchèque.

Surtout, et c’est l’un des principaux enseignements de l’enquête, ce qui constitue un contenu choquant ou une expérience traumatisante pour les adultes ne l’est pas forcément pour les enfants. Ainsi, 14 % des jeunes européens disent avoir vu des images pornographiques ou à caractère sexuel sur le Web, mais seul un tiers d’entre eux estime qu’il s’agissait d’une expérience pénible. « Les jeunes qui ont été perturbés par un problème sur Internet sont une petite minorité : seulement 8 % des 9-16 ans en France, et 12 % au niveau européen », note le CNRS.

Le phénomène le plus mal vécu par les jeunes Européens reste le harcèlement en ligne : si seuls 6 % des 9-16 ans disent avoir été victimes de ces messages, les deux tiers d’entre eux ont été « assez » ou « très » tracassés. Dans la majorité des cas, ces messages agressifs ne génèrent pas d’angoisses durables, seuls 6 % des victimes y pensant pendant plusieurs mois. « De plus, le harcèlement est plus fréquent en face à face (13 % des enfants) que sur Internet (6 %) ou par téléphone mobile (3 %) », précise le CNRS.

LE RÔLE DES PARENTS

Les chercheurs ont également analysé les relations entre parents et enfants au sujet d’Internet. Ces dernières sont « peu conflictuelles », concluent-ils, et « le récit qu’ils en font est beaucoup plus concordant [entre parents et enfants] que sur la télévision, où le déclaratif des enfants diffère souvent beaucoup de celui des enfants ». Sans surprise, les amis (73 %) et les enseignants (76 % en France) font également partie des interlocuteurs des 9-16 ans pour discuter d’éventuels problèmes. Dans ses conclusions, l’étude recommande à la Commission européenne, qui a financé cette recherche, de mettre l’accent sur l’éducation des jeunes — et des parents — et le développement d’outils de contrôle parental.

Mais l’enquête fait apparaître aussi un étonnant paradoxe : si les parents ont tendance à surestimer le traumatisme que peut générer un contenu choquant, ils sous-estiment largement les types d’expérience qu’ont pu connaître leurs enfants. Ainsi, 40 % des parents dont les enfants ont vu des images sexuelles pensent que cela ne leur est pas arrivé, et ce chiffre monte à 56 % pour les destinataires de messages agressifs.

Damien Leloup

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