Les catastrophes majeures, depuis des attaques terroristes de grande ampleur jusqu’aux épidémies massives, n’interrogent pas seulement les fans de science-fiction. Dans la vraie vie, elles peuvent poser toutes sortes de problèmes éthiques et légaux aux tribunaux, hôpitaux, pompiers, policiers et autres administrations à même d’être sollicitées dans ce genre de cas.
Qui sauve-t-on en priorité si on a plus de malades que de médicaments? A partir de quand peut-on ordonner des mises en quarantaine? La fermeture de magasins ou d’institutions? Les missions de recherche dans des maisons de particuliers? L’abattage massif de bétail? La ville de New York a décidé de prendre ces questions technico-légales au sérieux en publiant un véritable manuel de l’apocalypse, rapporte le New York Times.
Titré –de façon beaucoup moins sexy– «Le manuel légal de santé publique de l’Etat de New York», le fascicule n’établit pas de nouvelles lois mais décrit des règles en vigueur en cherchant à les mettre en contexte avec ce genre de situations problématiques. L’idée étant d’aider notamment les juges et les avocats, s’ils ne sont pas eux-même en train de mourir de la fin du monde, à gérer une épidémie en respectant les droits constitutionnels des habitants de New York.
En cas de désastres, définis comme «une menace imminente d’un dommage sévère ou étendu, de perte de vie ou de propriété venant de causes naturelles ou humaines, incluant les épidémies, les contaminations aériennes, les infestations, les incidents radiologiques, nucléaires, chimiques, biologiques ou bactériologiques, la contamination de l’eau…», le gouvernement local peut déclarer l’état d’urgence, et établir des couvre-feu, mettre sous quarantaine de larges zones, fermer les commerces, restreindre les assemblées publiques et, sous certaines circonstances, suspendre les lois locales.
Pour le responsable des opérations du système judiciaire de l’Etat:
«C’est une lecture très sinistre. C’est pour des situations potentiellement très sinistres, dans lesquelles il faut prendre des décisions difficiles.»
Le manuel ne répond pas à toutes les questions: par exemple en cas d’urgence avec pas assez de soins et trop de malades, il faudra réussir à trouver un équilibre entre «sauver le plus de vies et l’obligation de s’occuper de chaque patient», sachant que si l’on décide de se concentrer sur ceux qui ont le plus de chances de survivre, les personnes âgées ou handicapées pourraient traîner l’Etat devant les tribunaux.
Un manuel disponible en format PDF gratuitement, «à télécharger et imprimer maintenant», conseille Gawker, «parce que quand les vers de l’espace viendront nous assujettir il y a de fortes chances qu’il sera difficile de trouver un ordinateur avec Acrobat Reader».