En plus du coût humain et écologique, la catastrophe japonaise est assurée d’être la plus chère jamais connue, loin devant l’ouragan Katrina en Louisiane (2005). Le gouvernement japonais estime que le coût financier du séisme, du tsunami et de la catastrophe nucléaire se situe entre 198 et… 309 milliards de dollars. Ce qui représente entre 3,6 et 5,7% du PIB du Japon !
Dégâts matériels, conséquences sur l’économie, problèmes posés par les radiations nucléaires… Le Premier ministre japonais n’a pas hésité à parler de « plus grave crise depuis la Seconde guerre mondiale » : le Japon va devoir payer une facture très lourde.
Le coût record des destructions
Les destructions dues au tremblement de terre et au tsunami – hors catastrophe nucléaire donc – coûteraient jusqu’à 217 milliards de dollars, selon le gouvernement japonais. C’est déjà bien plus que les 100 milliards de dollars du dernier grand séisme du pays, à Kobé en 1995.
Tokyo a libéré un budget d’urgence de 127 milliards de dollars : le pays devra sans doute demander une aide internationale. Une situation inédite pour la 3e économie mondiale.
Une économie en manque d’énergie
Raffineries de pétrole en feu, explosions des réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima… Le tableau apocalyptique des côtes japonaises ravagées par le tsunami, et avant lui par le séisme, était pour le moins impressionnant.
Mais suite à ces destructions, c’est aussi toute l’économie du pays qui est perturbée. 11 centrales nucléaires (sur 55 au total) ont subitement cessé de fonctionner, alors que le nucléaire représente un bon tiers de l’électricité japonaise. Résultat : le pays est frappé par des coupures d’électricitéfréquentes. Plus d’une centaine de lignes ferroviaires ont été fermées, et plusieurs entreprises ont mis des salariés au chômage technique, faute d’électricité.
La facture de la désorganisation
Que ce soit à cause des routes bloquées, ou des pannes électriques, les entreprises encore debout n’arrivent pas à se faire livrer ou à expédier leurs marchandises. Toute une partie du Japon et de son économie tourne au ralenti. Toyota et Sony ont suspendu leurs productions sur de nombreux sites.
Les économistes estiment que la catastrophe va coûter un demi-point de croissance au Japon au premier trimestre 2011. Ce sont donc tous les Japonais qui vont ressentir les effets de la catastrophe.
Le cauchemar des assureurs
Les destructions matérielles sont aussi un cauchemar pour les assureurs. Voitures, maisons, magasins, entreprises… tous ces remboursements simultanés vont faire trembler les assurances japonaises, qui s’attendent à débourser plus de 3 milliards de dollars.
Mais cette secousse pourrait bien atteindre aussi la France ! Car les assureurs japonais sont eux-mêmes assurés en partie auprès de réassureurs européens. D’après une estimation, le coût pour les réassureurs européens (dont français) s’élèverait entre 1 et 2 milliards.
Crise alimentaire en « bonus »
Des rayons de supermarché vides, au cœur de la capitale Tokyo : la scène était encore inconcevable quelques jours avant l’explosion des réacteurs de la centrale nucléaire deFukushima.
Les produits de première nécessité sont vite devenus introuvables, d’autant que les radiations nucléaires ont rapidement contaminé les œufs, le lait, la viande et certains légumes produits aux alentours de la centrale.
Le risque pour le Japon, c’est de devoir importer beaucoup plus de produits alimentaires, et d’être ainsi dépendant des pays étrangers et de leurs prix.
Le yen flambe et plombe les exportations
Paradoxalement, dans les jours suivants l’annonce de la catastrophe au Japon, les spéculateurs ont parié sur une flambée du yen. Ils ont estimé que les grands assureurs japonais allaient rapatrier leurs capitaux de l’étranger. C’est effectivement ce qui est arrivé. Résultat : le yen a vu sa valeur grimper si vite que désormais les exportations du Japon sont devenues très chères.
Un risque sur les exportations de produits électroniques ?
Le Japon est un grand pays de l’électronique et de l’automobile. Mais ces deux secteurs ont été durement frappés par le séisme. Plusieurs grandes entreprises ont annoncé fermer provisoirement leurs sites au Japon (comme Toshiba), ou qu’elles réduisaient leur production, comme Renault. Apple a décidé de repousser la sortie de l’iPad 2 au Japon.
Le coût économique du départ des expatriés
Les Français du Japon étaient sans doute préparés aux séismes, mais la crise nucléaire en a poussé beaucoup au rapatriement. Le rationnement alimentaire et le risque de radiation sont pris très au sérieux.
De nombreux Européens et Américains ont également quitté le pays.
Tous ont laissé derrière eux leur travail et leur logement ; pour certains, des projets d’investissement. Le Japon subit là une perte difficile à chiffrer mais non négligeable.
Vers une indemnisation des « sacrifiés » de Fukushima ?
L’Etat japonais risque bien de devoir couvrir l’assistance médicale des « sacrifiés » de Fukushima, ces employés qui se sont exposés à de fortes irradiations nucléaires en intervenant pour stopper l’accident dans la centrale. Tous n’ont pas subi les mêmes expositions, mais un bon nombre portera des séquelles, de même que la population avoisinante.
L’étendue du drame de santé publique est encore incertaine, mais le problème ne manquera pas de se poser à l’Etat japonais.
Et si le Japon profitait de la catastrophe ?
Paradoxalement, beaucoup d’économistes sont persuadés que la catastrophe japonaise sera bénéfique à l’économie japonaise. La reconstruction, financée par un budget extraordinaire, pourrait bien donner un coup de fouet inespéré à la croissance. Les banques affichent en tout cas leur optimisme, se rappelant des effets positifs sur l’économie, à moyen terme, du grand séisme de Kobé en 1995. Le chantier de la reconstruction a le seul mérite de réconforter le monde des affaires.