Simple collègue ou véritable ami ? Vous vous êtes sans doute demandé comment qualifier ce collaborateur avec qui vous vous entendez particulièrement bien. Le bureau est un environnement propice au développement de relations qui n’obéissent pas aux mêmes règles qu’une amitié classique et qu’il faut manier avec précaution pour continuer à travailler sereinement. Mode d’emploi –>>

Distinguer le respect de l’amitié
A raison d’environ 8 heures de travail par jour, on passe parfois plus de temps avec ses collègues qu’avec son entourage. Il n’est donc pas étonnant que le bureau soit un environnement propice à la naissance de nouvelles amitiés. D’autant plus que nous sommes amenés à collaborer avec des personnes ayant suivi le même parcours que nous, partageant les mêmes centres d’intérêts ou les mêmes préoccupations.

Ne pas se faire d’illusions
« Nous avons tous besoin de nouer des liens au travail, affirme Hélène Vecchiali, fondatrice du cabinet de coaching DH Conseil. Il est néanmoins nécessaire de distinguer le simple respect mutuel de la véritable amitié. Ce sont l’envie de partager ses sentiments et celle de se voir en dehors du bureau qui caractérisent une relation amicale. » Autant de réflexions que vous devez mener avant d’évoquer vos problèmes personnels devant ce collègue dont vous vous sentez proche. Sans quoi il pourrait y avoir un certain malaise.

Ne vous livrez pas au premier venu

Si on déballe des éléments de sa vie privée au premier venu ou à un stade prématuré de la relation, on grille les étapes et on bascule dans l’illusion de l’amitié, une illusion qui n’est pas sans conséquences. « J’ai commencé à raconter mes histoires de cœur compliquées à une collègue dont je me sentais proche, confesse Mathilde, chef de produit dans l’agroaimentaire. Ce n’est qu’au bout de quelques mois que j’ai réalisé qu’elle répétait presque tout au reste de l’équipe et contribuait à me construire une mauvaise réputation. » Au bureau plus qu’ailleurs, il faut savoir se protéger et prendre son temps.

Prendre le temps de construire la relation
Le facteur temps joue énormément dans le développement de relations particulières au travail : on se voit régulièrement et beaucoup. « Cette promiscuité implique une vigilance de tous les instants, précise Hélène Vecchiali. Il ne faut jamais se précipiter car toute amitié qui se termine en conflit ouvert est compliquée à gérer par la suite, dans la mesure où l’on est amené à se revoir tous les jours sur le lieu de travail. »

Y aller pas à pas

Vous devez donc apprendre à vous protéger en ne fonçant pas tête baissée dans une relation fusionnelle. Même si l’affinité vous semble indéniable, cela ne signifie pas pour autant que votre collègue pourra jouer le rôle de confident. Mieux vaut donc prendre son temps et accorder sa confiance progressivement. C’est particulièrement important si vous êtes en collaboration étroite ou en binôme avec lui.

Prendre son temps et accorder sa confiance progressivement

La proximité crée une intimité qui peut s’éroder la distance à peine rétablie. Mathilde a, elle, trouvé la parade. « Mes collègues amies sont en fait celles avec qui je ne travaille pas ou très peu. De cette manière, je suis sûre que vie pro et vie perso ne s’empiètent pas. » Une pratique assez courante selon Hélène Vecchiali qui y voit « une manière de se protéger en dirigeant ses amitiés vers des personnes avec lesquelles aucun conflit professionnel ne saurait apparaître. »

Eviter de laisser le rapport hiérarchique compromettre la relation
Les avis sont unanimes : il est périlleux de chercher à mêler amitié et hiérarchie. « Lorsqu’un rapport d’autorité vient noyauter la relation, celle-ci est faussée d’emblée », constate Hélène Vecchiali. Même si le manager considère que l’écart de responsabilité n’est pas un problème, il en va autrement pour le subordonné qui ne peut pas faire l’impasse sur le lien hiérarchique. « Comment être 100% honnête à l’égard de celui qui vous évalue, vous réprimande et décide de votre évolution professionnelle ? », interroge Hélène Vecchiali. La relation d’autorité peut également polluer le quotidien du manager, qui peut trouver difficile d’ignorer l’affection qu’il porte à un collaborateur lorsqu’il est amené à le critiquer ou régler un conflit. La relation amicale ne peut se construire que sur l’autel de l’égalité.

Et quand un ami est promu

C’est pourquoi la promotion de l’un des deux amis, à l’origine simple collègues, est bien souvent un cas épineux. « Le rapport à l’autre change forcément et devient difficile à gérer, estime Hélène Vecchiali. Il est important d’entamer une discussion pour bien séparer les choses, sans quoi la relation est vouée à l’échec, surtout lorsque l’un devient le supérieur direct de l’autre. »

Compartimenter le perso et le pro

Apprenez à mettre en place des règles de communication pour compartimenter vie perso et vie pro. Si jamais vous avez envie de faire part de quelque chose de personnel à votre ami/supérieur, prenez-le à part pour lui parler en tant qu’ami.

Ne pas laisser l’amitié prendre le pas sur sa carrière

Cultiver des amitiés dans le cadre du travail contribue à l’épanouissement personnel, en apportant un peu de chaleur et de complicité au sein d’un environnement souvent source de stress et tension. Il arrive pourtant qu’une amitié nuise à l’évolution professionnelle. « Lorsque la connivence s’effectue au détriment du travail d’équipe ou que les apartés gênent tout le monde, en bref, lorsque l’amitié empiète sur le temps de travail, celle-ci est contreproductive », explique Hélène Vecchiali pour qui, « il s’agit juste de faire la part des choses et d’avoir suffisamment de bon sens pour ne pas mélanger amitié et travail en permanence. »

Donner l’exemple en tant que manager

Evidemment, lorsque l’inconnue « relation hiérarchique » vient s’ajouter à l’équation, celle-ci s’en retrouve complexifiée. Il n’est pas rare de voir des managers prêts à tout pour protéger un ami, quitte à couvrir ses boulettes ou à se monter plus indulgent sur ses lacunes.

Le manager doit donner l’exemple

Autant de comportements aisément compréhensibles mais qui n’en pénalisent pas moins leur propre carrière, à terme. Sans pour autant trahir leur amitié, ils doivent apprendre à trancher et à agir en conséquence. Le manager est le garant des règles de vie de l’entreprise et de doit de donner l’exemple. C’est à ce prix que tous seront plus détendus, plus heureux et donc plus productif…