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Quand doit-on accepter de gagner moins ?

Revoir à la baisse ses prétentions salariales constitue parfois le meilleur moyen d’atteindre ses objectifs.

L’image classique de la progression de carrière ? Celle de l’escalier, chaque grande période de la vie professionnelle devant s’accompagner d’un gain en salaire et en confort. Ce schéma est si bien ­implanté dans les mentalités qu’accepter une rémunération inférieure ou un poste moins valo­risant est perçu comme un échec. « Cette conception d’une ­évolution forcément ascendante relève d’un travers bien français, ­observe Marie-Claire Lemaître, DG du cabinet de recrutement Mercuri Urval.

Les pays anglo-saxons sont plus flexibles sur ces questions. » Car une concession occasionnelle peut permettre de gagner des galons ou de gonfler, à terme, son compte en banque. A deux conditions pourtant. Primo, ne pas vous brader. Si la perte de salaire est de 20%, votre employeur pourra se poser des questions sur vos motivations. Secundo, des bénéfices sur d’autres tableaux doivent être au rendez-vous : acquisition de nouvelles compétences, environnement de travail agréable, job intéressant… Le point sur quatre objectifs qui justifient de revoir vos prétentions à la baisse.

Pour obtenir un premier job

Lassé d’essuyer refus sur refus, ce jeune diplômé en biologie de Paris-VI a choisi de débuter comme standardiste dans un petit laboratoire, en guet­tant le poste de ses rêves : chercheur. Cachant son bac + 5, il s’est fait engager à 1 400 euros par mois. Sur place, de rencontre en rencontre, il a obtenu un poste d’assistant de recherche en CDD, deux fois mieux payé.

Pour contourner la ­défiance des employeurs envers son inexpé­rience, ce risque-tout a opté pour une déqualification provisoire. « Sans forcément aller jusque-là, le point clé, pour un débutant, n’est pas de gagner beaucoup d’argent, mais de renforcer son employabilité », commente Jean-Yves Arrivé, coach chez Co’acting.

Pour créer son entreprise

Zéro salaire, l’obligation de réinvestir les maigres bénéfices, des horaires de fou… Les créateurs d’entreprise sont unanimes : avant de vivre de leur business, ils ont mangé de la vache enragée. Pionnier du commerce équitable dans l’Hexagone, Tristan Lecomte, le patron d’Alter Eco, a attendu quatre ans avant d’engranger ses premiers bénéfices.

« L’essentiel est de se poser les bonnes questions avant de se lancer, avertit Yvon Berl, fondateur du cabinet de conseil en carrière Zathinoé. Y a-t-il un marché ? Où en sont mes crédits, mes revenus annexes ? Ai-je des clients potentiels ? » Ceux qui ont su viser des créneaux porteurs décrochent le gros lot. Mathieu Debonnet, le jeune patron d’Altus Energy (équi­pements photovoltaïques), a ainsi surfé sur la vague des énergies vertes. Résultat : trois ans après avoir plaqué son job de directeur commercial chez un fabricant de peinture, il affiche 15 millions d’eu­ros de chiffre d’affaires et a dou­blé son précédent salaire.

Pour relancer sa carrière

Au bout de deux ans de consulting fort bien payé chez BearingPoint, Marie Duché était lasse d’en­chaîner les missions sans pers­pective d’évolution. Fin 2008, elle fait un pari : accepter un poste de chef de projet chez People&Baby, jeune société en plein boom qui gère des crèches d’entreprises et de collectivités. A la clé, un job pas­sionnant, des responsabilités plus impor­tantes… et une rémunération en baisse de 18%. « C’est vrai, j’ai accepté 35.000 euros brut annuels, mon ta­rif plancher. Mais depuis j’engrange les compétences et l’entreprise prospère. » Surtout, elle devrait avoir retrouvé son ancien salaire dans un an.

Assouvir ses ambitions oblige parfois à changer d’employeur. « A condition que l’entreprise ciblée porte une vision et un projet, explique Marie-Claire Lemaître, chez Mercuri Urval. Dès lors qu’elle offre de réelles pers­pec­tives, le fait que le salaire soit un peu écorné devient ­acces­soire. » En revanche, assurez-vous d’une évolution salariale dans les deux années suivant votre embauche

Pour faire ses preuves

Redresser une filiale en pleine déroute, gérer un conflit social musclé… « Lorsqu’on mène ces défis à bien, ce sont de véritables tremplins », confirme Eric Beaudoin, DG du cabinet de conseil OasYs Consultants. Ainsi, Valérie Chardon n’a pas hésité à s’expatrier en Algérie comme chef de projet chez Alstom Transport, en 2006, juste après les années noires.

Dépaysement garanti : « Je n’étais autorisée à circuler qu’en voiture avec un chauffeur car le pays n’était pas sûr. Au bout de trois ans, j’étais allée au bout de ce que je pouvais donner ! J’ai demandé à rentrer », raconte-t-elle. Non sans avoir négocié pour son retour un poste de DRH de département et un salaire bien plus élevé.

Quelles compensations négocier quand on se voit proposer un salaire bas ?

Avec une baisse moyenne des salaires à l’embauche de 1,6% en 2009 et de 1,9% en 2010, les cadres accusent le coup, selon le baromètre du cabinet Expectra. Certains avantages en nature permettent cependant de compenser le manque à gagner. Osez d’abord demander un bureau à vous. Décrochez le duo classique BlackBerry/ordinateur portable.

Tentez aussi d’obtenir une flexibilité horaire hebdomadaire, via le télétravail. Pensez à négocier des formations, sur des langues exotiques ou des techniques de pointe. Le top ? Tout ou partie d’un cursus MBA (de 12.000 à 15.000 euros). Songez enfin à la prime voiture (de 400 à 800 euros) et négociez un montant fixe de notes de frais. En revanche, la crise oblige, oubliez la voiture de fonction et les voyages en classe business.

Marie-Madeleine Sève

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